Maintenant je vous laisse apprécier ce texte qui était dans un magazine de chevaux il y a au moins deux ans comme édito:
L’inutilité tue
Le cheval va, un jour sans doute, changer de statut dans notre société moderne car un député UMP des Alpes Maritimes, Lionel Lucas, souhaite déposer un projet de loi pour que nos amis à crinière deviennent « officiellement » des animaux de compagnie et non de rente (à l’instar des vaches) comme il l’est depuis toujours, ou presque. Il sera ainsi anobli. Il laissera définitivement à leur triste sort de bêtes à steak, les cheptels de veaux, vaches, cochons pour rejoindre la grande famille des chiens, chats et cobayes angoras dont on sait qu’ils ont la vie heureuse ( ?) parce qu’ils finissent rarement sur une brochette au barbecue, enfin en France en tout cas… C’est ainsi le thème qui anime depuis le début du mois décembre la nouvelle campagne menée contre « l’hippophagie » par la Fondation de Brigitte Bardot. Comme souvent, il y a à boire et à manger dans ces actions de défense des animaux, s’appuyant sur des images chocs, le film présenté sur l’abatage d’un cheval est insoutenable, mais le serait-il moins pour une vache ou un mouton ? Ce que l’ont peut reprocher à la FBB, c’est de condamner sans pour autant apporter de solutions si ce n’est celle, radicale, de cesser de manger du cheval. Il est tout autant hypocrite de dire aussi que la seule filière viande sauvera, entre autre, les neuf races de chevaux de trait françaises. On sait très bien qu’hormis les bretons et les comtois, les effectifs de leurs frères Auxois, ardennais et plus encore poitevins sont dans le rouge depuis des années ! Ce qui tue plus surement les chevaux dans notre vie moderne, c’est l’inutilité ! Jean-Louis Gouraud le rappelle d’ailleurs très intelligemment comme toujours dans l’un des chapitres de son dernier livre, La Terre vue de ma selle aux éditions Belin, consacré au cheval kirghize, la Kirghizie est un pays d’Asie centrale. Ce petit cheval, pas très beau, avait fini par mis au ban de la société de son peuple, pourtant hippophage, détrôné par des motos et mobylettes plus rapides pour se déplacer. C’est une française, Jacqueline Ripart, qui, au lieu de mettre sous cloche les derniers spécimens, convainquit les kirghizes de le réutiliser en le replaçant au cœur de la société des hommes. Le cheval kirghize reprit ainsi des couleurs. Dans toute cette misère équine, je suis assez fière d’avoir pu faire brouter mes chevaux jusqu’à un âge canonique (37 et 27 ans). J’ose espérer qu’ils furent heureux jusqu’à leur dernier souffle. Ils ne me l’ont jamais dit, mais cela me donne au moins bonne conscience.
Frédérick Halm